Quelle flamme s’est éteinte ! Quel cœur a cessé de battre ! Notre collègue et ex-P.D.G. de La Presse de Tunisie, Slah Maâoui, vient de tirer sa révérence. Son cœur a lâché brusquement mettant fin au parcours dense et riche d’un homme qui a cumulé plusieurs postes médiatiques et politiques. Natif de Kairouan le 20 juillet 1950, ce fin communicateur licencié en droit a été vite repéré par feu Amor Belkhiria, fondateur de la Snipe-La Presse, quand le journal était à la dérive et qui avait pour mission de recruter et former des journalistes tunisiens qui allaient former par la suite l’Ecole de La Presse. Parmi les journalistes dénichés, Slaheddine Maâoui, alors étudiant en droit. Il le prit sous son aile et lui a transmis l’amour et la passion du journalisme. Depuis, il fut tour à tour journaliste, rédacteur en chef, P.D.G. de la Snipe-La Presse, président de l’Association des directeurs de journaux, membre du Conseil supérieur de la communication, P.D.G. de l’Etablissement de la radiodiffusion télévision tunisienne (Ertt), mais aussi directeur général de l’Atce, ministre du Tourisme, ambassadeur en Arabie Saoudite et directeur général de l’Asbu.
Avec sa disparition, une page glorieuse de mémorables hauts faits vont gagner en valeur auprès de ses amis et de ses collègues journalistes. Ils se rappelleront tous son éducation, sa grande culture, son altruisme, sa bonté, son courage et son patriotisme qui ne lui permettaient pas d’agir autrement que selon ce que lui commandaient ces valeurs intrinsèques qu’il véhiculait depuis sa prime jeunesse.
Car si La Presse a su résister aux aléas et aux soubresauts, c’est qu’il y avait des hommes et des femmes qui en ont porté, haut et fort, l’étendard. Parmi ces hommes, Slaheddine Maâoui fut une figure d’exception. D’une grande affabilité, ses propos sont aimables, délicats, mesurés, sans fioritures. Le sourire ne quitte ses lèvres que pour reparaître plus franc, plus fin et plus séduisant. Ses idées, fruit d’une longue expérience, vous paraissent claires et sages; vous les adoptez sans hésitation. Son originalité, c’est-à-dire la rareté du spécimen; il est l’équivalent d’un nombre illimité d’hommes. Rompu au labeur continu, entrepreneur avisé, stratège à la finesse révélée, il a tout au long de sa vie fait preuve d’audace, de justesse, d’anticipation et de courage.
En le côtoyant de près, vous vous sentez incapable de procéder à une classification. Traits de caractères et signes distinctifs ? La douceur de ses mœurs et sa beauté? Sa générosité et sa libéralité? Son indulgence et son humanité? Sa noblesse d’âme et son authenticité? Sa patience et sa ténacité? Son pragmatisme et son habilité à trouver, à attirer et à utiliser les compétences? Sa maîtrise des dossiers et son aptitude à contrôler l’évolution de ses projets? Il vous arrive aussi de vous trouver en présence de contradictions qui vous sembleront inexplicables; fierté et modestie, dureté et aménité, hardiesse et prudence, audace et discrétion, esprit d’initiative, passivité et attentisme. Vous ne saurez lequel de ces traits de caractère choisir comme prioritaire pour décrire sa personnalité.
Grâce à la force de sa plume et à la magnificence de ses écrits, chacun de ses articles provoquait l’émerveillement. Avec sa disparition, La Presse de Tunisie perd un rédacteur en chef charismatique, un P.D.G. à la démarche indépendante et à la personnalité singulière. Mais aussi la Tunisie perd un homme d’Etat qui avait des qualités exceptionnelles dans tous les domaines : un patriote dévoué, un homme consciencieux dans son travail, passionné et qui était d’un niveau culturel très élevé. Jovial, courtois, serviable et sociable, il savait créer une atmosphère conviviale, propice au travail en équipe. Il prenait la vie du bon côté et la banalisait souvent. Il aura marqué son époque et plusieurs générations de journalistes. Il part mais laisse un précieux héritage fait de sacrifices et de dévouement pendant de longues années, faisant de lui un symbole de patriotisme et de professionnalisme. Adieu patron !
L’enterrement aura lieu aujourd’hui, mardi 31 décembre 2019, au cimetière de Gammarth après la prière d’El Asr. Le cortège funèbre quittera son domicile sis rue Mahmoud Taymour La Marsa à 14h00.
En cette douloureuse circonstance, la direction générale et l’ensemble du personnel de la Snipe-La Presse présentent leurs sincères condoléances à la famille du défunt et prient Dieu le Tout-Puissant de l’accueillir dans Son Paradis éternel.
Chokri BEN NESSIR